HÉMEY D'AUBERIVE, Nicolas-Philibert
Anecdotes sur les décapités
À Paris, chez J.F. Sobry, an V [1796], in-8, 29 pp., Cartonnage postérieur à la bradel.
Édition originale de cette plaquette rare, signée in fine Auberive et daté du 25 brumaire. L'abbé Hémey d'Auberive (1739-1815), ancien grand-vicaire des diocèses de Lescar et d'Autun, s'exila en Bresse, en Suisse, puis en Savoie durant la Révolution.
Au lendemain de la Terreur, il cherche à répondre à la question de savoir si les décapités conservent et peuvent conserver "quelques restes d'idées et de sentiments". Il recueille ainsi des fait historiques et mythologiques : saint Denis, Orphée, Marie Stuart, etc.
Entre autres exemples étonnants, il cite une expérience menée par des chirurgiens de Prague sur un condamné :
"[ils replacèrent la tête] sur sa base avec toute la justesse et la dextérité possibles, vertèbre sur vertèbre, nerf sur nerf, artère sur artère : l'incision fut enveloppée dans son contour, de compresses assujetties avec appareil : enfin, on approcha des narines du patient des liqueurs spiritueuses et volatiles. La tête parut alors se ranimer (...) On lève le jeune homme avec précaution, on le conduit très-doucement dans la maison voisine, où après avoir donné quelques légers signe de vie; il expire".
Il conclut de l'exposé de ces faits que, même faux, ils sont de nature à inspirer le doute et que ce doute, à lui seul, "est suffisant pour proscrire irrévocablement le détestable instrument des fureurs de nos modernes tyrans". Sans la nommer, il fustige la guillotine : "Puisse t-il cet odieux instrument, avec son horrible appareil, et le nom des monstres qui l'employèrent, être à jamais enseveli dans les abîmes de l'oubli".
Ex-libris Pierre Amalric.
Accroc en tête du dos, rousseurs.
Barbier I, 188.