"Je sais fort bien que des naturalistes et des auteurs ont de tous temps avancé la notion que les espèces changent. Mais aucun d'eux a-t-il jamais vu une espèce changer ?" (p. 138). Deuxième édition de cet ouvrage de Pierre Flourens (1794-1867), qui reprend la tradition de Cuvier de la fixité des espèces. Darwin, qui avait cherché en vain à entrer en correspondance avec l'auteur, possédait un exemplaire de cette édition, qu'il annota de sa main (Bibliothèque de l'Université de Cambridge). En face de la phrase citée ci-dessus, le célèbre théoricien de l'évolution avait noté, en réplique : "un homme a-t-il jamais vu un promontoire usé par la mer?" (Harvey). Flourens se montra très critique de la théorie de l'évolution et publia sur le sujet un Examen du livre de M. Darwin (Paris, Garnier, 1864). Flourens est considéré comme l'un des fondateurs des neurosciences expérimentales, ("one of the giants in the production of basic experimental neurological research for which the nineteenth century was so notable in France". Heirs of Hippocrates, 878). Après ses études de médecine à Montpellier, il vint à Paris en 1814 pour se consacrer à l'histoire naturelle. Il s'engagea alors dans des recherches sur la physiologie du système nerveux et travailla notamment sur les effets des lésions chirurgicales du système nerveux. Il se lia d'amitié avec Georges Cuvier, auquel il succéda au Collège de France et au siège de Secrétaire perpétuel de l'Académie des sciences. Appelé par l'Académie des sciences pour trancher le débat portant sur la phrénologie de Franz Gall, il jugea cette dernière comme infondée scientifiquement. Annotations manuscrites de l'époque à l'encre, au revers de la page de faux-titre. Bon exemplaire, en dépit de nombreuses rousseurs claires. Joy Harvey. "Les esprits fertiles et le problème de la stérilité expérimentale : Charles Darwin et le Muséum d'Histoire naturelle". In : Le Muséum au premier siècle de son histoire [en ligne]. Paris : Publications scientifiques du Muséum, 1997.