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(Réf. 78780)
5 000 TTC
MAUPERTUIS, Pierre-Louis Moreau de
Essay de cosmologie
s.l., s.n. (Berlin, chez l'auteur ; imprimé à Bâle), 1750, in-8, [12]-173 pp., veau glacé de l'époque, dos à nerfs et fleuronné, pièce de titre havane, triple filet doré en encadrement des plats, tranches dorées.
Rarissime édition originale de ce célèbre essai de théologie rationnelle, publié aux frais de l'auteur. Maupertuis (1698-1759) y fait la synthèse de ses travaux sur le principe géométrico-métaphysique de moindre action ; cette "découverte", qui sera démontrée mathématiquement par Lagrange quelques années plus tard, constitue la grande priorité du savant dans les années 1740 : il l'expose, une première fois, dans un mémoire lu le 20 février 1740 à Académie des Sciences de Paris, Loi du repos des corps (publié dans l'Histoire de l'Académie Royale des sciences en 1742) ; il la réaffirme dans un mémoire sur l'Accord de différentes lois de la nature qui avaient jusqu'ici parues incompatibles (Mémoires de l'Académie de Sciences de Paris du 15 avril 1744) ; puis dans un troisième article, publié en 1746, Les loix du mouvement et du repos déduites d'un principe métaphysique. Finalement, il réunit ses pensées dans L'Essay de cosmologie. In fine, le principe de moindre action doit servir à prouver l'existence de Dieu ; d'un point de vue strictement rationnel, Maupertuis le définit ainsi : "Dans le choc des corps, le mouvement se distribue de manière, que la quantité d'action que suppose le changement arrivé, est la plus petite qu'il soit possible. Dans le repos, les corps qui se tiennent en équilibre, doivent être tellement situés, que s'il leur arrivoit quelque petit mouvement, la quantité d'action seroit la moindre" (Essay de cosmologie, pp. 74-75). Maupertuis, qui avait été nommé président de l'Académie des sciences de Berlin par Frédéric le Grand, sur les conseils de Voltaire, considère L'Essay de cosmologie comme l'oeuvre de sa vie : il va ainsi en superviser l'édition avec un soin littéralement bibliophile, allant jusqu'à entrer dans les détails typographiques. La genèse de la publication est connue grâce à sa correspondance avec Bernouilli : au printemps 1749, Maupertuis le charge de chapeauter l'édition à Bâle, considérant que les imprimeurs berlinois ne sont pas à même de produire la qualité désirée. L'attention qu'il porte à la publication démontre qu'il ne souhaite pas seulement élaborer un ouvrage parfait sur le plan scientifique, mais aussi sur le plan esthétique. Il couvre lui-même les dépenses engagées pour l'édition, qu'il destine à un public essentiellement lettré et aristocrate. Il prévoit que seuls 100 exemplaires in-8 sur beau papier seront imprimés. En janvier 1750, il peut envoyer quelques exemplaires à La Condamine à Paris pour qu'ils y soient distribués ; d'autres sont expédiés à ses connaissances en Suisse et le reste est livré à Berlin. Des exemplaires de présentation, imprimés sur grand papier et reliés luxueusement, sont offerts à son protecteur, Frédéric le Grand, et aux princes de la cour prussienne. La réaction du public à cette oeuvre si soigneusement préparée n'est certainement pas celle que Maupertuis escomptait. En effet, l'ouvrage, ainsi que les publications précédentes, se retrouvent au centre d'une polémique restée célèbre, déclenchée à l'Académie de Berlin par le scientifique allemand Johann Samuel König (1712-1757) : ce dernier, non seulement, dément le principe métaphysique exposé, mais plus encore, il accuse Maupertuis de plagier Leibnitz. La querelle scientifique s'envenime sérieusement : Euler prend la défense de Maupertuis ; König est accusé d'avoir produit une fausse lettre de Leibnitz pour se justifier ; Voltaire s'en mêle et raille Maupertuis dans sa Diatribe du docteur Akakia (1753) ; Frédéric le Grand ne peut subir cet ultime affront, lui qui protège Maupertuis, et il chasse Voltaire de Prusse. En définitive, le principe de moindre action, qui aurait dû porter Maupertuis au sommet de sa gloire, lui apporte l'extrême désillusion. "Cette polémique, à l'écho européen, sonna en quelque manière le glas de la science métaphysique" (En français dans le texte). Très bel exemplaire, sur papier vergé. Il provient de la bibliothèque de l'astronome et horloger français Antide Janvier (1751-1835), avec son étiquette ex-libris contrecollée sur le contreplat. Discrète réparation de papier en marge de 2 feuillets. En français dans le texte, n° 148. Jean-Jacques Samueli et Alexandre Moatti, "Euler en défense de Maupertuis à propos du principe de moindre action", Bibnum [En ligne], Physique, mis en ligne le 01 mai 2012, consulté le 04 mars 2020. URL : http://journals.openedition.org/bibnum/797 Terral, The Man Who Flattened the Earth. Maupertuis and the Sciences in the Enlightment. pp. 279 et suiv.
Librairie Alain Brieux - 48, rue Jacob - 75006 Paris - Tél.: 01 42 60 21 98 - Graphisme: Maud - Réalisation: STUDIO DE LÀ ®