Très rare ouvrage du chirurgien bolonais Leonardo Fioravanti (1517-1588), paru pour la première fois en 1570. L'auteur y a réuni de très nombreuses observations de maladies et infirmités, la plupart sous forme de lettres à des confrères ou des patients ; mais l'ouvrage est surtout reconnu pour être l'un des premiers à traiter de chirurgie plastique et, plus précisément, de rhinoplastie, avec la description de la "greffe italienne". C'est sans doute sa lecture qui inspira à Gaspare Tagliacozzi ses propres travaux et la rédaction du célèbre De Chirurgia Curtorum per Insitionem (1597). Fioranvanti compte parmi les figures les plus insolites de la médecine de son époque. Il quitta sa ville natale à l'âge de 31 ans pour mener une vie de voyageur : à Naples, il fut enrôlé en tant que chirurgien à bord de la flotte espagnole qui faisait route vers la côte nord de l'Afrique. Au cours de cette expédition, qu'il relate dans le Tesoro della vita humana, il assiste à une altercation entre deux soldats, dont un certain Andres Gutierrez qui se retrouve avec un bout de nez tranché ; Fioravanti rapporte avoir ramassé la partie sectionnée dans le sable, avoir uriné dessus pour la nettoyer et l'avoir recousue. Le succès de l'opération pouvait être attesté, selon l'auteur, par le témoignage du blessé, qui était encore en vie lors de la rédaction de l'ouvrage. Lors de son retour d'Afrique, Fioravanti se rendit en Calabre pour aller à la rencontre de deux chirurgiens qui pratiquaient la fameuse "méthode secrète" italienne de reconstruction du nez, les frères Pietro et Paolo Vineo (ou Vianeos), qui l'avaient eux-mêmes mise en pratique d'après la description faite au siècle précédent par Antonio Branca : sur invitation des chirurgiens, l'auteur assista ainsi à cinq opérations qu'il suivit tout du long, depuis l'entaille faite dans le bras, la suture faite entre le lambeau de chair et le nez, l'immobilisation jusqu'à ce que la peau "pousse dans le nez" (vascularisation de la greffe) et la pose d'une pièce en métal pour conformer le nez dans de bonnes proportions (chapitre 27, pp. 47-48). Fioravanti se rendit ensuite à Rome et à Venise, où il fit publier de nombreux ouvrages, qui connaitront tous plusieurs éditions au cours des XVIe et XVIIe siècles et seront traduits dans plusieurs langues. En 1568, il revint à Bologne, où il fut reçu docteur au sein du célèbre Collegio de' Dottori. Ex-libris de Jean Rouché. Krivatsy 4098. Wellcome I, n° 2306. Mazzola & Santoni-Rugiu, "Leonardo Fioravanti (1517-1588): A Barber-Surgeon Who Influenced the Development of Reconstructive Surgery. In Plastic and Reconstructive Surgery", February 1997, volume 99, Issue 2, pp. 570-575.