Document portant en tête le titre "Enfant extraordinaire" ; il se rapporte à Blanche Dumas, jeune enfant montrée par ses parents devant un public avide de tous types de "bizarreries de la nature". Le ton et le style de ce papier rappellent la brochure qui fut publiée à Paris en 1868, "Enfant extraordinaire et phénoménal, la plus grande curiosité du monde, Blanche Dumas âgée de 7 ans et pesant 41 kilogrammes", à l'occasion de sa présentation à Paris (Paris, Me Vve Roger, 1868). Il s'achève sur la retranscription du certificat que le médecin Jean Crocq (1824-1898), président de la Faculté de médecine de l'Université de Bruxelles, avait rédigé lors de l'examen médical de la fillette le 19 juin 1866. Il la rangeait du côté des monstres polyméliens, du genre polymèle, d'après la classification de Geoffroy Saint-Hilaire. "Enfant extraordinaire. Pesant à l'âge de sept ans, un poids énorme !! de 41 kilos ... à cause de ses deux corps": le titre aguicheur de notre manuscrit évoque le ton des bonimenteurs des cirques de «monstres» qui tentaient d'attirer la foule devant le spectacle de quelques créatures phénoménales. Tout comme la brochure précédemment citée, il évoque la "beauté angélique" de Blanche, la «haute stature et la beauté exceptionnelle de la mère» et décrit avec exagération ses anomalies: "deux corps, deux ventres, trois jambes, la naissance d'une quatrième [...] Cette enfant appartient deux fois au sexe féminin et une fois au sexe masculin". Blanche Dumas, née à Séguy dans l'arrondissement d'Issodun, était accompagnée par ses parents lors des déplacements au cours desquels elle était un objet de curiosité pour un public d'"amateurs" et un cas de tératologie exceptionnel pour les savants et médecins, à l'instar de Jean Crocq. La brochure publiée à Paris rapporte que le père conservait un livre sur lequel il recueillait les certificats des hommes des sciences et des autorités administratives qui avaient examiné sa fille, certificats reproduits à la fin; il s'agissait bien de démontrer qu'il n'y avait pas de supercherie et que le public n'était pas dupé par un faux monstre. L'image de Blanche Dumas demeure à la mémoire de tous, notamment grâce aux célèbres photographies parues dans le premier volume (1869) de la Revue photographique des hôpitaux Paris de Montméja et Rengade.