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Ouvrages | VOYAGES, EXPLORATIONS / Europe Journal d'un voyage fait à Paris en 1759
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(Réf. 85388)
3 500 TTC
MANUSCRIT ANONYME
Journal d'un voyage fait à Paris en 1759
1759 (30 juillet - 14 septembre), in-8, [1]-405-[33] pp. manuscrites à l'encre (les pages 29 à 58 manquent). Relié avec 3 livrets de visite imprimés, de 16-16-16 pp., parchemin de l'époque, dos muet.
3 500 TTC
Intéressant document relatant le voyage à Paris et dans ses environs d'un groupe de touristes Belges durant l'été 1759. Une seule main a rédigé la totalité du manuscrit : ce narrateur s'exprime à la première personne du pluriel, prenant ainsi la plume pour lui et ses compagnons. La lecture nous apprend peu de choses sur la composition de ce groupe ; ni l'identité précise de ses membres, ni leur âge, ni leur nombre ne sont précisés. nous savons néanmoins qu'ils viennent de Mons*, que ce sont de "grand amateurs qui se considèrent comme des provinciaux et qui [se sont] rendus à Paris uniquement pour y voir toutes les beautés qui s'y trouvent" (p. 174). Nous apprenons que l'un d'eux est un abbé (p. 172) et qu'ils ne sont pas des personnages de premier plan, puisqu'ils ne voyagent pas avec les meilleures recommandations, ce que confirme, entre autres, ce petit épisode : le groupe tente d'obtenir une audience de l'intendant Collin en vue d'acquérir les billets qui leur permettront de voir les maisons de la marquise de Pompadour, mais ils se trompent de personnage et rencontrent, à la place un certain homonyme, procureur au Parlement... (p. 175). Du reste, pour se permettre un tel voyage, il demeure certain qu'ils font partie de la petite noblesse ou de la bourgeoisie. Les visiteurs n'ont pris part à aucune mondanité lors de leur séjour : il s'agit d'un voyage purement culturel, pratique prisée depuis la Renaissance. Le manuscrit ne contient pratiquement que la description des monuments et des sites visités, dans un style plutôt prosaïque, laissant assez peu de place aux impressions particulières. L'entrevue avec le pseudo intendant Collin est l'une des rares anecdotes qui donne un peu d'humour au récit (on y apprend par ailleurs que leur compagnon abbé fut laissé à la rue pendant l'entretien, de crainte qu'il n'ait des airs de "marchandise de contrebande pour une pareille visite"). Le périple débute le 30 juillet 1759, avec le départ de Mons, dans la diligence qui les conduit à Lille ; de Lille, ils prennent une autre diligence, qui les amène à Paris, qu'ils atteignent le 6 août. Les étapes de ces trajets sont l'occasion de visites, notamment de la Nouvelle-Aventure à Lille, dont le narrateur fait une description assez précise, qu'il accompagne d'un plan tracé à la main. Arrivés à Paris par la barrière, les voyageurs sont conduits au bureau de la diligence au Grand Cerf. Ainsi commence la visite de Paris, qui se fait en fiacre : "La première chose qui frappe un étranger en entrant dans cette ville c'est la quantité de monde que l'on voit dans les rues" (p. 26). Nos voyageurs arrivent en effet en pleine période de foire saint Laurent et, de surcroit, le jour même où un homme a été roué vif "pour avoir tué son prétendu pour posséder sa femme" (p. 26), ce qui avait accru le nombre de badauds. Les visites s'enchaînent dès lors sur un rythme effréné. Les pages 29 à 58 du manuscrit étant manquantes, nous ignorons leur programme pour les journées du 8 et 9 août. Les commentaires du narrateur sont plutôt laconiques, que ce soit pour décrire les diverses églises et couvents de Paris, le Palais du Luxembourg, les Invalides, les Tuileries, la Bibliothèque Sainte-Geneviève, le Val-de-Grâce ou encore l'Observatoire. Ils prennent plaisir à effectuer la promenade du boulevard "ou des remparts comme on dit en province" (p. 92), de la rue Saint-Honoré à la porte Saint-Antoine. Tous les dimanches, ils assistent à la messe, dans les diverses églises de Paris. Notons qu'ils se rendent à l'hôpital de la Salpêtrière (p. 154 et suiv.), où sont élevés les enfants trouvés et enfermées "filles de mauvaise vie et les insensées" ; il y voient des jeunes filles occupées aux travaux d'aiguille, visitent la salle des berceaux et le dortoirs ainsi que l'infirmerie et la cuisine. Ils parcourent la collection du Cabinet des curiosités naturelles du roi (p. 166 et suiv.). Le périple se poursuit par la visite des environs de Paris. Par effronterie, ils parviennent, sans billet, à voir plusieurs salles du château de Saint-Ouen et son jardin. Plusieurs journées sont consacrées à la visite des domaines de l'ouest, notamment à Marly, où il voient la fameuse machine à pompage, qui n'est quasiment plus en usage ; ses bois sont alors "presque tous pourris" (p. 225). Plusieurs jours sont consacrés à la visite de Versailles ; les visiteurs assistent notamment au spectacles des Eaux extraordinaires (25 août). Le 26 août, ils rentrent à Paris. La visite de la ville et de ses environs se poursuit. Le 1er septembre, jour de l'anniversaire de la mort de Louis XIV, est l'occasion d'explorer la cathédrale de Saint-Denis : l'auteur a joint à son manuscrit les trois plaquettes touristiques de 16 pages chacune, dont il font alors l'acquisition (de l'imprimerie de J. Chardon à Paris, sous le privilège en date du 12 mai 1715) : - Les raretés qui se voyent dans l'église royale de S. Denis ; avec des remarques curieuses. 1749 ; - Les tombeaux des rois, des reines, & des autres qui sont en l'église royale de Saint Denis. 1753 ; - Le trésor de l'abbaye royale de S. Denis en France. 1752. Ces trois livrets rares sont les premiers guides pour les visiteurs et pèlerins de l'abbaye royale, dont le trésor était réputé dans toute l'Europe. Du 4 au 6 septembre, ils visitent Fontainebleau et Melun ; puis ils continuent leur visite de Paris, autour de l'île du Palais, de la place des Victoires, du Louvre et des Tuileries. Il assistent à une séance de l'Académie royale de peinture le 10 septembre et remarquent à cette occasion que les "médalistes" ne sont pas "les plus sçavans car on prétend qu'on en donne aussi à ceux qui sont recommandés par de grandes protections" (p. 384). Enfin, le 12 septembre à minuit, ils prennent la diligence pour le retour, en passant par Senlis, Cambrai et Valenciennes. Le manuscrit s'achève par 7 tables : pour les lieux publics, bibliothèques et hôtels ; les collèges, séminaires et hôpitaux ; les églises paroissiales, collégiales et chapelles ; lescouvents d'hommes ; de filles ; les tombeaux et mausolée ; et les villes des environs de Paris. A la toute fin se trouve une table des distances, en lieues, entre les différentes étapes, de Lille à Paris et de Paris à Mons, et entre les villes des environs de Paris. Un plan volant [19 x 19,5 cm] de la ville et des faubourgs de Paris, gravé sur cuivre et en partie colorié, est joint au manuscrit. Dos décollé, un feuillet détaché. * Une anecdote rapportée p. 111 confirme leur origine : "Le commissaire de quartier étoit venu s'informer qui et d'où nous venions. Cet homme n'est pas bien sçavant dans la géographie et dans l'histoire militaire de France, puisqu'il ignoroit qu'il y a une ville dans le monde qu'on appelle Mons".
Librairie Alain Brieux - 48, rue Jacob - 75006 Paris - Tél.: 01 42 60 21 98 - Graphisme: Maud - Réalisation: STUDIO DE LÀ ®