ROYER, Clémence
Origine de l'homme et des sociétés
Paris, Guillaumin & Victor Masson, 1870, in-8, XXIV-591 pp., Demi-chagrin havane.
Très intéressante première édition de cette étude, écrite par une des femmes intellectuelles françaises les plus engagées de la seconde moitié du XIXe siècle : Clémence-Auguste Royer (1830-1902), scientifique et économiste française autodidacte établie à Genève, qui fut la première traductrice de Darwin.
Dans cet ouvrage d'anthropologie sociale, elle tire profit, de façon quelque peu pamphlétaire et polémique, de la méthode inventée par Darwin, pour l'appliquer à l'homme, l'évolution des sociétés et aux inégalités : il s'agit ainsi de l'un des travaux pionniers du très controversé darwinisme social.
C'est ainsi qu'elle en appelle ici, en vertu de la "loi fatale de concurrence universelle qui régit la vie sur notre globe", à la colonisation des "individus supérieurs" sur les "inférieurs". La résultante devrait être le progrès par l'inégalité, puisqu'il y aurait utilité "à ce que ces êtres humains soient choisis parmi les plus élevés de la série, c'est-à-dire les plus parfaits, les plus aptes à réaliser pour eux et leur postérité les conditions d'un bonheur croissant" (pp. 532-533).
En 1862, Charles Darwin désapprouvait déjà les interprétations de sa traductrice et préfacière de l'Origine des espèces, craignant notamment une certaine récupération idéologique...
Dos fortement épidermé. Rousseurs pâles, quelques feuillets cornés.