BECCARIA, Cesare
Traité des délits et des peines, traduit de l'italien d'après la troisième édition
À Lausanne (i.e. Paris), 1766, in-8, XXXI-286 pp., Basane havane de l'époque, dos à nerfs et fleuronné, pièce de titre fauve.
"One of the most influential books in the whole history of criminology" (PMM, 209).
Édition originale française, procurée par l'abbé Morellet à la demande de son ami d'Alembert : donnée comme publiée à Lausanne, elle fut imprimée à Paris. Très attendue, elle fut vendue à partir de décembre 1765 en librairie et connut sept éditions en six mois, portant les adresses fictives de "Philadelphie" ou "Amsterdam".
Morellet a travaillé à partir de l'édition italienne de Mars 1756 (Livourne), en prenant quelques libertés, notamment dans l'ordre des chapitres, ce dont il tente de s'expliquer dans sa préface.
"Marqué par le libéralisme et la modération de Montesquieu (Esprit des lois, 1748) et le contractualisme de Rousseau, Beccaria rejette la pratique de l'excès de l'État pénal inscrit dans l'héritage inquisitorial" (Marc Renneville. "Cesare Beccaria : réception et héritage. Du temps des Lumières à aujourd'hui". Criminocorpus [en ligne]).
Beccaria (1738-1794) appelle, entre autres, à la dépénalisation de l'homosexualité, met en avant les inégalités sociales qui peuvent conduire au vol, condamne la torture dans les interrogatoires, promeut la prison plutôt que les sévisses corporels et lance un appel en faveur de l'abolition de la peine de mort, alléguant notamment que "l'expérience de tous les siècles prouve que la crainte du dernier supplice n'a jamais arrêté les scélérats déterminés à porter le trouble dans la société". Son ouvrage, traduit dans toutes les langues européennes, souleva de vifs débats, auxquels participèrent notamment Voltaire et Diderot.
Étiquette ex-libris ancienne de M. Blouet, avocat.
Dorure de la pièce de titre ternie.
Jean Pandolfi, "Beccaria traduit par Morellet". In : Dix-huitième Siècle, n°9, 1977. Le sain et le malsain. pp. 291-316 [En ligne].